Un premier semestre 2024 difficile pour le commerce de détail

10.07.2024

Le printemps 2024 n’a pas seulement été plutôt médiocre sur le plan météorologique. Comme le montre l’évaluation semestrielle par SWISS RETAIL FEDERATION des transactions par cartes de débit et de crédit, le commerce de détail suisse voit, lui aussi, l’horizon s’assombrir. Le commerce en ligne risque de voir son chiffre d’affaires baisser, le dynamisme du commerce stationnaire faiblit et le tourisme d’achat reste un problème. Pour SWISS RETAIL FEDERATION, une chose est claire : la Suisse doit sans tarder prendre les mesures politiques qui s’imposent si elle veut garantir l’égalité des chances à tous les acteurs du marché.

La branche suisse du commerce de détail a connu des difficultés au premier semestre 2024. Les chiffres d’affaires définitifs ne sont certes pas encore disponibles, mais selon l’évaluation de SWISS RETAIL FEDERATION portant sur les transactions par cartes de débit et de crédit au premier semestre, il faut s’attendre à une baisse des volumes. Alors que le premier trimestre renoue avec les chiffres de croissance de 2023 grâce à un fort dynamisme du commerce alimentaire stationnaire, les données du deuxième trimestre indiquent en revanche une stagnation, voire un recul des ventes.

Le commerce suisse en ligne doit se battre  

Le commerce en ligne national est particulièrement sous pression. Sur le premier semestre 2024, nous prévoyons un recul d’environ trois pour cent par rapport à la même période de l’année précédente. Les segments du multimédia, des fournitures de bureau, du Do it yourself ainsi que des montres et bijoux font notamment partie des perdants. Dans le commerce stationnaire, un deuxième trimestre délicat se dessine à nouveau. La dynamique de croissance du commerce alimentaire s’est fortement réduite et le commerce stationnaire stagne d’une manière générale. Dans le secteur non alimentaire, on note des baisses de chiffre d’affaires sensibles dans les segments des vêtements et des chaussures, des loisirs et du multimédia. Si l’on considère l’ensemble du premier semestre, le segment alimentaire porte néanmoins le commerce stationnaire à un niveau légèrement positif.

Le tourisme d’achat reste un défi

Aujourd’hui comme hier, le tourisme d’achat demeure un sujet de préoccupation. Si l’exode des acheteurs vers les pays voisins n’est certes plus aussi marqué que l’année précédente, on observe néanmoins une progression, même modérée, des achats transfrontaliers, qui semblent ainsi se stabiliser à très haut niveau. Puisque, d’autre part, les plateformes d’achat en ligne étrangères comme Temu continuent de gagner fortement en importance, nous prévoyons pour 2024 une perte du produit du commerce de détail suisse de plus de 10 milliards de francs due au tourisme d’achat, dont environ 2,5 milliards dans le secteur en ligne.

L’égalité des chances pour tous les acteurs du marché en Suisse : un impératif absolu

Le commerce s’est toujours caractérisé par une évolution constante, avec des gagnants et des perdants. L’essentiel, cependant, est de veiller à ce que la concurrence fonctionne de manière équitable, sur la base de règles du jeu identiques pour tous les acteurs du marché. De ce fait, SWISS RETAIL FEDERATION juge inacceptable que ceux qui traversent la frontière pour faire leurs achats dans les pays voisins continuent d’être doublement avantagés fiscalement, d’abord en ne payant pas de TVA en Suisse jusqu’à concurrence de 300 francs, puis en économisant la TVA étrangère. Sur ce point, SWISS RETAIL FEDERATION insiste pour un abaissement à 50 francs de la franchise-valeur.

Les conditions sont encore plus inégales dans le commerce en ligne, où Temu et consorts – n’ayant pas à respecter la législation suisse – agissent à bien des égards comme dans une zone de non-droit. Le monde politique suisse et, surtout, les autorités d’exécution, doivent trouver rapidement les réponses adéquates pour garantir que les réglementations suisses concernant par exemple la qualité des produits ou les normes de concurrence et d’affichage des prix soient dûment respectées non seulement par les acteurs suisses, mais aussi et surtout par tous les fournisseurs étrangers.