Indiquer si le transport a été fait par avion ? Non, le rapport coût/avantage ne joue pas du tout !
22.01.2024
Lors de la consultation sur l’initiative parlementaire « Etiquetage des denrées alimentaires. Indiquer si le transport a été effectué par avion », SWISS RETAIL FEDERATION a pris clairement position. En raison surtout d’un rapport coût-efficacité affligeant, elle rejette l’idée d’ajouter aux compétences du Conseil fédéral celle de prescrire d’autres déclarations, comme le mode de transport, notamment par voie aérienne.
Parfaitement consciente de l’importance du développement durable, SWISS RETAIL FEDERATION s’active depuis des années au sein de la branche en faveur de normes rigoureuses et de mesures volontaires au service d’un comportement respectueux du climat. Plusieurs de ses membres, par exemple, renoncent déjà complètement au transport aérien pour les fruits et légumes frais. Il n’en est pas moins évident que l’obligation de préciser si le transport alimentaire a été effectué par voie aérienne doit être rejetée. L’adaptation correspondante de la loi sur les denrées alimentaires (LDAl) infligerait des coûts supplémentaires considérables au commerce de détail et à la clientèle, pour un bénéfice écologique minime.
Effet écologique douteux pour un renchérissement de 5 à 20 centimes par produit
Sa situation géographique rend la Suisse tributaire des importations de denrées alimentaires. Reste que la part de produits frais entrant en Suisse par avion est faible : pas plus de 2 à 3% de toutes les importations de viande, 4% pour le poisson et moins de 1% pour les fruits et légumes. Le transport n’étant pas la seule cause de dommages environnementaux – d’autant moins que la production de denrées alimentaires crée souvent plus d’émissions que leur transport – les répercussions écologiques de celui-ci sont minimes, à supposer qu’en soi, la déclaration en question incite la clientèle à ne pas acheter. De plus, aucun pays de l’Union européenne n’impose de déclaration obligatoire pour les importations par avion. Devant l’exiguïté du marché helvétique, il est absolument irréaliste de s’attendre à ce que les fabricants internationaux fournissent des emballages spéciaux uniquement pour la Suisse et prennent en charge les coûts correspondants. Les détaillants estiment entre 5 et 20 centimes par produit le surcoût lié à la nouvelle déclaration. Si l’on ajoute à cela le supplément de travail lié au contrôle de tous les produits frais, les coûts de la mesure apparaissent encore plus disproportionnés par rapport à son utilité écologique et se répercuteraient sur les prix de vente, dont il est extrêmement douteux que la clientèle les accepte sans réagir. Une nouvelle poussée de fièvre du tourisme d’achat serait à craindre.
Voie libre pour d’autres déclarations de transport et entraves au commerce
L’avant-projet se distingue par une formulation volontairement ouverte donnant au Conseil fédéral une large compétence normative, laquelle correspond en fait à un chèque en blanc pour des déclarations de transport de toute sorte. Sous couvert de réduire l’impact environnemental, on pave ainsi la voie aux déclarations pour des modes de transport divers et variés sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Or, selon la loi fédérale sur les entraves techniques au commerce, la Suisse est tenue d’adapter ses prescriptions techniques à celles de ses principaux partenaires commerciaux, en l’occurrence l’UE dans le cas des denrées alimentaires. L’introduction unilatérale d’une déclaration de transport aérien perfectionniste – typiquement un cas de « swiss finish » – créerait une nouvelle entrave technique au commerce et violerait le principe du traitement équivalent des produits suisses et étrangers, vis-à-vis duquel la Suisse s’est engagée auprès de l’OMC.
Position discutable du lobby paysan
Aujourd’hui déjà, les clients suisses ont la possibilité de recourir à des produits suisses ou régionaux clairement identifiés comme tels. Cette demande de déclaration de transport par avion que les milieux paysans semblent à présent soutenir est en contradiction avec leurs démarches habituelles dénonçant les complications administratives et réglementaires, démarches que nous appuyons généralement. Difficile de ne pas y voir, en arrière plan, l’intention de renchérir artificiellement les produits étrangers et par là de barricader davantage le marché alimentaire national. Au détriment, en fin de compte, de la clientèle sensible aux prix. Nous regrettons cette attitude.
Consultation conercant la déclaration pour le transport aérien (DE)
A propos de SWISS RETAIL FEDERATION
SWISS RETAIL FEDERATION représente le commerce de détail suisse, sans les grands distributeurs. Elle réunit 1600 détaillants répartis en Suisse sur 6000 sites. Ses membres réalisent un chiffre d’affaires de 23 milliards de francs et emploient environ 58’000 personnes.
Pour toute question ou demande d’information, n’hésitez pas à nous joindre à l’adresse medien@swiss-retail.ch.